domingo, 7 de septiembre de 2008

EJERCICIOS DE ESTILO -Tres textos-


Raymond Queneau
Torpe
No tengo costumbre de escribir. No sé hacerlo. Me gustaría escribir una tragedia o un soneto o una oda, pero están las reglas. Eso me inhibe. No es cosa para aficionados. Todo eso ya está bien mal escrito. En fin. En todo caso, hoy vi algo que tengo ganas de poner por escrito. Poner por escrito no me parece muy brillante. Debe ser una de esas expresiones hechas que repelen a los lectores que leen para los editores que buscan la originalidad que les parece necesaria en los manuscritos que los editores publican una vez que han sido leídos por los lectores a los que repelen las fórmulas hechas del tipo de "poner por escrito" que es sin embargo lo que yo querría hacer con algo que vi hoy aunque yo no sea más que un aficionado al que inhiben las reglas de la tragedia, del soneto o de la oda porque no tengo la costumbre de escribir. Mierda, no sé cómo hice pero resulta que estoy de nuevo en el punto de partida. No voy a salir nunca de ahí. Qué se le va a hacer. Tomemos al toro por las guampas. De nuevo un lugar común. Y además aquel tipo no tenía nada de toro. Mire usted, eso no está mal. Si escribiera: tomemos al pituco por la trenza de su sombrero de fieltro enhastado su largo pescuezo, es posible que eso fuera original. Podría ser que eso me hiciera conocer por los señores de la Academia Francesa, del Flora y de la calle Sébastien—Bottin. Por qué no iba yo a prosperar después de todo. Es escribiendo que uno se vuelve escribidor. Esta me salió bien. Con todo, hay que tener mesura. Aquel tipo de la plataforma del ómnibus no la tuvo cuando se puso a injuriar a su vecino con el pretexto de que este último lo pisaba cada vez que se apretaba para dejar subir o bajar a otros pasajeros. Tanto más cuando, después de haber protestado de ese modo, fue a sentarse rápidamente en cuanto vio que quedaba un asiento libre en el interior del coche, como si tuviera miedo a los golpes. Pues bien, ya he contado la mitad de mi historia. Me pregunto cómo hice. Pero aún falta lo más difícil. Lo más complicado. La transición. Tanto más cuando no hay transición. Prefiero detenerme aquí.


Maladroit
Je n'ai pas l'habitude d'écrire. Je ne sais pas. J'aimerais bien écrire une tragédie ou un sonnet ou une ode, mais il y a les règles. Ça me gêne. C'est pas fait pour les amateurs. Tout ça c'est deja bien mal écrit. Enfin. En tout cas, j'ai vu aujourd'hui quelque chose que je voudrais bien coucher par écrit, Coucher par écrit ne me paraît pas bien fameux. Ça doit être une de ces expressions toutes faites qui rebutent les lecteurs qui lisent pour les éditeurs qui recherchent l'originalité qui leur paraît nécessaire dans les manuscrits que les éditeurs publient lorsqu'ils ont été lus par les lecteurs que -rebutent les expressions toutes faites dans le genre de «coucher par écrit» qui est pourtant ce que je voudrais faire de quelque chose que j'ai vu aujourd'hui bien que je ne sois qu'un amateur que gênent les règles de la tragédie, du sonnet ou de l'ode car je n'ai pas l'habitude d'écrire. Merde, je ne sais pas comment j'ai fait mais me voilà revenu tout au début. Je ne vais jamáis en sortir. Tant pis. Prenons le taureau par les cornes. Encoré une platitude. Et puis ce gars-là n'avait rien d'un taureau. Tiens, elle n'est pas mauvaise celle-là. Si j'ecrivais: prenons le godelureau par la tresse de son chapeau de feutre mou emmanché d'un long cou, peut-être bien que ce serait original. Peut-être bien que ça me ferait connaître des messieurs de l'Académie française, du Flore et de la rué Sébastien-Bottin. Pourquoi ne ferais-je pas de progres après tout. C'est en écrivant qu'on devient écriveron. Elle est forte celle-là. Tout de même faut de la mesure. Le type sur la plate-forme de l'autobus il en manquait quand il s'est mis à engueuler son voisin sous pretexte que ce dernier lui marchait sur les pieds chaqué fois qu'il se tassait pour laisser monter ou descendre des voyageurs. D'autant plus qu'après avoir protesté comme cela, il est alié vite s'asseoir dès qu'il a vu une place libre á l'intérieur comme s'il craignait les coups. Tiens j'ai deja raconté la moitié de mon histoire. Je me demande comment j'ai fait. C'est tout de mérne agréable d'écrire. Mais il reste le plus difficile. Le plus calé. La transition. D'autant plus qu'il n'y a pas de transition. Je préfère m'arréter.




Bibliografía

En su nueva novela, tratada con el brío que lo caracteriza, el célebre novelista X, a quien debemos ya tantas obras maestras, se ha esmerado en no poner en escena sino a personajes bien dibujados y que se mueven en una atmósfera comprensible para todos, grandes y pequeños. La intriga gira en torno del encuentro en un autobús del héroe de esta historia y de un personaje bastante enigmático que riñe con el primer llegado. En el episodio final se ve a ese misterioso individuo escuchando con la más grande atención los consejos de un amigo, maestro en dandismo.El todo provoca una encantadora impresión que el novelista X ha cincelado con rara felicidad.



Friere d'insérer

Dans son nouveau roman, traité avec le brio qui lui est propre, le célèbre romancier X, à qui nous devons déjà tant de chefs-d'oeuvre, s'est appliqué à ne mettre en scène que des personanges bien dessinés et agissant dans une atmosphère compréhensible par tous, grands et petits. L'intrigue tourne done autour de la rencontre dans un autobús du héros de cette histoire et d'un personnage assez énigmatique qui se querelle avec le premier venu. Dans l'épisode final, on voit ce mystérieux indivi-du écoutant avec la plus grande attention les conseils d'un ami, maître en dandysme. Le tout donne une impression charmante que le romancier X a burinée avec un rare bonheur.




Otra subjetividad

Hoy iba en el autobús, al lado mío, en la plataforma, uno de esos babosos como ya no se fabrican más, por suerte, si no yo terminaría por matar a uno. Este, un muchacho de entre unos veintiséis y treinta años, me irritaba especialmente, no tanto a causa de su largo cuello de pavo desplumado, sino por el tipo de cinta de su sombrero, cinta reducida a una especie de cordoncito color berengena. ¡Ah! ¡qué repugnante! ¡qué asco me daba! Como a esa hora había mucha gente en nuestro autobús, aproveché los empujones que se producen al subir y bajar para hundirle mi codo entre las costillas. Terminó por largarse cobardemente antes de que me decidiera a darle unos pisotones sobre los callos para acomodarle los pies. También le hubiera dicho, para fastidiarlo, que a su sobretodo, demasiado desbocado de cuello, le hacía falta otro botón.



Autre subjectivité

II y avait aujourd'hui dans l'autobus à côte de moi, sur la plate-forme, un de ces morveux comme on n'en fait guère, heureusement, sans ça je finirais par en tuer un. Celui-là, un gamin dans les vingt-six, trente ans, m'irritait tout spécialement non pas tant à cause de son grand cou de dindon déplumé que par la nature du ruban de son chapeau, ruban ré-duit à une sorte de ficelle de teinte aubergine. Ah! le salaud! Ce qu'il me dégoûtait! Comme il y avait beaucoup de monde dans notre autobús à cette heure-là, je profitais des bousculades qui ont lieu à la montée ou à la deséente pour lui enfoncer mon coude entre les côtelettes. Il finit par s'esbigner lâchement avant que je me décide à lui marcher un peu sur les arpions pour lui faire les pieds. Je lui aurais dit aussi, afin de le vexer, qu'il manquait un bouton à son pardessus trop échancré.




Raymond Queneau (El Havre, Francia, 1903 - París, 1976)

(Traducción de Idea Vilariño)





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