domingo, 3 de noviembre de 2013

LLUVIA




     La lluvia, en el patio donde la miro caer, desciende con aspectos muy diversos. En el centro es una fina cortina (o red) discontinua, una caída implacable pero relativamente lenta de gotas probablemente bastante ligeras, una precipitación sempiterna sin vigor, una intensa fracción del meteoro puro. A poca distancia de las paredes de la izquierda y la derecha caen con más ruido gotas más pesadas, individuales. Aquí parecen del grosor de un grano de trigo, allá de un guisante, en el otro lado casi de una canica. Por las molduras, por el alféizar de la ventana la lluvia corre horizontalmente, mientras que por la cara inferior de los mismos obstáculos queda suspendida como caramelos convexos. Según la superficie entera de un pequeño techo de zinc que la mirada domina, chorrea en una capa muy delgada, tornasolada por corrientes muy irregulares que causan las imperceptibles ondulaciones y jorobas de la cubierta. Del canal contiguo por donde fluye con la mesura de un arroyo profundo sin mucha pendiente, cae de golpe en un hilillo perfectamente vertical, bastante torpemente trenzado, hasta el suelo donde se rompe y rebota en cordoncillos brillantes.
     Cada una de sus formas tiene un ritmo peculiar, y le responde un ruido peculiar. El todo vive con intensidad como un mecanismo complicado, tan preciso como azaroso, mecanismo de relojería cuyo resorte fuese el peso de una masa dada de vapor en precipitación.
     El repiqueteo en el suelo de los hilillos verticales, el glu-glú de los canalones, los minúsculos golpes de gong se multiplican y resuenan a la vez en un concierto sin monotonía, no sin delicadeza.
     Cuando el resorte se ha distendido, algunos engranajes continúan funcionando un tiempo, cada vez más despacio, luego toda la maquinaria se para. Entonces, si el sol reaparece, todo se borra pronto, el brillante aparato se evapora: ha llovido.




Francis Ponge (Francia, Montpellier- 1899- Bar-sur-Loup,  1988)

(Traducción: Miguel Casado)

Pluie


La pluie, dans la cour où je la regarde tomber, descend à des allures très diverses. Au centre c'est un fin rideau (ou réseau) discontinu, une chute implacable mais relativement lente de gouttes probablement assez légères, une précipitation sempiternelle sans vigueur, une fraction intense du météore pur. A peu de distance des murs de droite et de gauche tombent avec plus de bruit des gouttes plus lourdes, individuées. Ici elles semblent de la grosseur d'un grain de blé, là d'un pois, ailleurs presque d'une bille. Sur des tringles, sur les accoudoirs de la fenêtre la pluie court horizontalement tandis que sur la face inférieure des mêmes obstacles elle se suspend en berlingots convexes. Selon la surface entière d'un petit toit de zinc que le regard surplombe elle ruisselle en nappe très mince, moirée à cause de courants très variés par les imperceptibles ondulations et bosses de la couverture. De la gouttière attenante où elle coule avec la contention d'un ruisseau creux sans grande pente, elle choit tout à coup en un filet parfaitement vertical, assez grossièrement tressé, jusqu'au sol où elle se brise et rejaillit en aiguillettes brillantes.
Chacune de ses formes a une allure particulière  y répond un bruit particulier. Le tout vit avec intensité comme un mécanisme compliqué, aussi précis que hasardeux, comme une horlogerie dont le ressort est la pesanteur d'une masse donnée de vapeur en précipitation.
La sonnerie au sol des filets verticaux, le glou-glou des gouttières, les minuscules coups de gong se multiplient et résonnent à la fois en un concert sans monotonie, non sans délicatesse.
Lorsque le ressortt s'est détendu, certains rouages quelque temps continuent à fonctionner, de plus en plus ralentis, puis toute la machinerie s'arrête. Alors si le soleil reparaît tout s'efface bientôt, le brillant appareil s'évapore : il a plu.






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