jueves, 20 de noviembre de 2008

LA VOZ



¿Quién canta allí cuando toda voz se calla? ¿Quién canta

con esa voz sorda y pura un canto tan bello?
¿Será acaso fuera de la ciudad, en Robinson, en un
jardín cubierto de nieve? ¿O es ahí muy cerca,
alguien que no sabía que lo escuchaban?
No estemos impacientes por saberlo
ya que el día no está precedido
por el pájaro invisible. Pero hagamos simplemente
silencio. Una voz sube, y así como un viento de marzo
a las maderas ennegrecidas les da fuerza, nos llega
sin lágrimas, más bien sonriente frente a la muerte.
¿Quién cantaba allí cuando se extinguió nuestra lámpara?
Nadie lo sabe. Pero sólo puede oír el corazón
que no busca la posesión ni la victoria.



Philippe Jaccottet (Suiza, Moudon, 1925)


(Traducción de Jorge Fondebrider)
LA VOIX

Qui chante là quand toute voix se tait? Qui chante
avec cette voix sourde et pure un si beau chant?
Serait-ce hors de la ville, à Robinson, dans un
jardin couvert de neige? Ou est-ce là tout près
quelqu'un qui ne se doutait pas qu'on l'ecouât?
Ne soyons pas impatients de le savoir
puisque le jour n'est pas autrement précédé
par l'invisible oiseau. Mais faisons seulement
silence. Une voix monte, et comme un vent de mars
aux bois viellis porte leur force, elle nous vient
sans larmes, souriant plutôt devant la mort.
Qui chantait là quand notre lampe s'est éteinte?
Nul ne le sait. Mais seul peut entendre le coeur
qui ne cherche la possession ni la victoire.






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