viernes, 23 de enero de 2009

Une femme passe ...


Veo una mujer que pasa por la calle, se inclina hacia un niño y le dice: cuando seas mayor, tendremos una casa de verdad. Esto es lo que le dice y yo no entiendo lo que quiere decir. No os burléis. Una mujer muy joven, muy bella, se vuelve hacía un niño pequeño y pronuncia, sin darse cuenta de nada, esta frase extraordinaria. El niño, que no puede ser sino su hijo, no es más alto que un perro, tiene el pelo rubio, corre, está a punto de caerse, y su madre, sin saberlo, lo proyecta hacia el futuro y nadie se da cuenta. Son las siete de la tarde, pronto cerrarán las tiendas. Esta mujer no sabe lo que dice, y yo comprendo que no hace falta que lo sepa. Más allá, hay un negro con zapatos de charol. Abre el portaequipajes de un coche. Saca un paquete bastante pesado. El paquete está envuelto en papel de seda con cintas de color de rosa. Sin duda es un regalo. ¿Por qué? ¿Por qué sonríe el negro, por qué no mira a la mujer que pasa? El niño es muy pequeño, corre detrás de una paloma, tropieza. Su madre va a abrazarlo. El hombre con su regalo en la mano intenta cerrar el portaequipajes de su coche. Lo miro, comprendo que todo está bien, que todo es normal, extraordinario.



Claude Esteban (Francia, París,  1935 - París,  2006)

(Traducción de Enrique Moreno Castillo)


Une femme passe devant moi dans le rue, elle se penche vers un enfant et lui dit: quand tu seras grand, nous aurons une vraie maison. Elle dit cela et je ne comprends pas ce qu'elle veut dire. Ne vous moquez pas. Une femme très jeune, très belle, se tourne vers un petit garçon, et prononce, sans se douter de rien, cette phrase extraordinaire. Le petit garçon, ce ne peut être que son fils, n'est pas plus grand qu'un chien, il a des cheveux blonds, il court, il va tomber, et sa mère, sans le savoir, le projette dans l'avenir et personne ne s'en rend compte. Il est sept heures du soir, les boutiques vont bientôt fermer. Cette femme ne sait pas ce qu'elle dit, et je comprends qu il ne faut pas qu'elle le sache. Plus loin, un Noir a des souliers vernis. Il ouvre le coffre d'une voiture. Il en sort un paquet assez lourd. Le paquet est enveloppé dans un papier de soie, avec des faveurs roses. C'est sans doute un cadeau. Pourquoi? Pourquoi le Noir sourit-il, pourquoi ne regarde-t-il pas la femme qui passe? L'enfant est tout petit, il court après un pigeon, il trébuche. Sa mère va l'embrasser. L'homme avec son cadeau dans les mains essaye de fermer le coffre de sa voiture. Je le regarde, je comprends que tout est bien, que tout est normal, extraordinaire.





2 comentarios:

Carol dijo...

Hola! ya estoy copiando la última frase de Una mujer pasa para usarla de epígrafe, buenísima!
gracias!!!

Marcelo dijo...

Qué bueno que te guste tanto. Me alegro.
Beso