viernes, 31 de julio de 2009

PIETÁ


¿Lo sostuvo contra su cuerpo

en la multitud que marchaba hacia la muerte maloliente?

¿Huyó de su chiquito en llanto
para reencontrarse con los vivos?

Sus manos, lo único que aún le pertenece,
y la luna que vierte sobre todo su ceniza inmaterial
le sirven de razón de ser

fuera de ella, y
la batahola de las cornejas
que se estrellan en el cielo...


Suenan las campanas.


El miedo que se suelda a la piel, la supuración
de las llagas,
mi corazón de cieno que todos pisotean.


Y allá, un hilo de humo.
Se disuelve en el cielo.

Suenan las campanas.



Anne Talvaz (Bélgica, Bruselas, 1963)

(Traducción de Mirta Rosenberg
y Jaime Arrambide)

PIETÁ

L'a-t-elle tenu contre elle
dans la foule qui marchait à la mort malodorante?

A-t-elle fui son bambin en pleurs
pour rejoindre les vivants?

Ses mains, la seule chose qui lui appartienne encore,
et la lune qui verse sur tout sa cendre immatérielle
lui tiennent lieu de raison d'être

hors d'elle, et
le tintamarre des corneilles
qui s'engouffrent dans le ciel-

Sonnent les cloches.

La peur qui verrouille dans la peau, le suint
des plaies,
mon coeur de boue qu'ils piétinent, tous.

Et là-bas, un filet de fumée.
Il se dissout dans le ciel.

Sonnent les cloches.



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