sábado, 25 de julio de 2009

UNA CARROÑA


Alma mía, recuerda el objeto que vimos

esa hermosa mañana de verano:
al volver un sendero, una infame carroña
en un cauce sembrado de guijarros.

Levantadas las piernas, como un lúbrico gesto,
sudando ardorosa sus venenos,
entreabría de un modo indiferente y cínico
su vientre rebosante de vapores.

Vimos cómo aquel sol se ensañaba en la podre
como para dejarla bien cocida,
devolviendo con creces a la Naturaleza
todo cuanto ella misma había unido.

Contemplaban los cielos el soberbio esqueleto
como una flor a punto de brotar.
El hedor era tal que allí, sobre la hierba,
creíste desplomarte desmayada.

Sobre aquel vientre pútrido se afanaban las moscas
y salían negruzcos batallones
de unas larvas movibles como un líquido espeso
entre aquellos andrajos de la vida.

Todo aquello se hundía y se hinchaba encrespándose
con destellos de espuma en las olas,
como un cuerpo animado por un soplo indecible
cuya vida creciese en sí misma.

Y ese mundo engendraba una música extraña,
como el agua que corre y el viento,
como el grano agitado por la rítmica mano
al girar revolviéndose en la criba.

Se borraban las formas, no eran más que un ensueño,
un esbozo que tarda en perfilarse
en la tela olvidada, y que acaba el artista
reviviendo tan sólo su recuerdo.

Tras las rocas había una perra impaciente
que tenía en los ojos el furor,
acechando el momento de volver a roer
los manjares que tuvo que soltar.

—¡Y pensar que serás igual que esta carroña,
que te espera la misma podredumbre,
tú, la estrella y el sol de mis ojos, mi vida,
tú, ángel mío, a quien llamo mi pasión!

Así tienes que ser, soberana de encantos,
tras aquel sacramento que es el último,
cuando bajo la hierba y el mantillo del campo
enmohezca tu cuerpo entre los huesos.

Oh, beldad mía, entonces di a los crueles gusanos
que contigo tendrán festín de besos,
que conservo la forma y la esencia divina
de estos amores míos que son polvo.



Charles Baudelaire (Francia, París, 1821- 1867)


(Traducción de Carlos Pujol)

UNE CHAROGNE


Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Le ventre en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion!

Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Apres les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons

grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!




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