SONETO

"En olvidados bosques del invierno sombrío,
cautivo solitario del umbral, te lamentas
que falten al sepulcro común que aún no alimentas
¡ay! los pesados ramos que fueron su atavío.

La vigilia te exalta, y no escuchas si anhela
con su número vano Medianoche el reposo
y espías, en los brazos del gran sillón añoso,
el supremo tizón que mi Sombra revela.

Quien aguarda a menudo la Visita querida
no recargue de flores la piedra que procuran
mis dedos levantar con su fuerza abolida.

Alma ante el claro fuego trémula de acogerme,
para volver me basta de tus labios beberme
el soplo de mi nombre que velando murmuran".




Stéphane Mallarmé (Francia, París, 1842-Valvins, Francia, 1898)

(Versión de Alejandro Bekes)

SONNET

(pour votre chère morte, son ami)
2 novembre 1877

-"Sur les bois oubliés quand passe l'hiver sombre
Tu te plains, ô capfit solitaire su seuil,
Que ce sépulcre à deux qui fera notre orgueil
Hélas! du manque seul des lourds bouquets s'encombre.

Sans écouter Minuit qui jeta son vain nombre,
Une veille t'exalte à ne pas fermer l'oeil
Avant que dans les bras de l'ancien fauteuil
Le suprême tison m'ait éclairé mon Ombre.

Qui veut souvent avoir la Visite ne doit
Par trop de fleurs carger la pierre que mon doigt
Soulève avec l'ennui d'une force défunte,

Ame au si clair foyer tremblante de m'asseoir,
Pour revivre il suffit qu'à tes lévres j 'emprunte
Le souffle de mon nom murmuré tout un soir."